Patrick Baillet passe au crible de sa vision poétique et hédoniste, la nature qui l’entoure, la ceint même, devrait-on dire, tellement le lieu de travail et de vie est au centre d’un paysage en perpétuel changement, au rythme des saisons et des floraisons. Tout à la fois grands et petits formats racontent l’intime d’une fleur, d’un bourgeon ou d’un océan de vert quand l’œuvre est au vert, de rouille et de blanc quand l’œuvre est au blanc ; L’alchimie opère en nous invitant à être au cœur du processus de création végétal. Il y aurait donc le paysage dans sa plénitude de l’instant, et le zoom focalisé sur l’infiniment petit de la foliole en devenir. Traité sur une surface blanche par ajout de couleurs acryliques et pigments, l’œuvre sur toile offre le ravissement éprouvé lors du passage alterné des saisons. Et puis les dépositions, qui opèrent par retrait sur velin d’Arches, d’encres d’émulsions acryliques et de pigments, laissant les traces de couleurs échappées d’une floraison passée. C’est émouvant comme la sève écoulée qui garde et conserve la beauté fragile du sang de la nature fixée sur le papier.
Eric Louviot, avril 2015
Né le 4 mars1950 près de Reims, il vit et travaille à Courmas dans la marne. Autodidacte, il peint dès l’âge de 22 ans, il intègre ensuite l’atelier peinture à l’école des Beaux Arts de Reims de 1975 à 1977. Cette période de rencontres avec l’histoire de l’art, les grands musées européens et des artistes importants lui ouvrent les yeux sur la peinture contemporaine.
Patrick Baillet travaille dans sa maison-atelier dans un grand espace blanc au sol gris taché de ses couleurs. Il peint au ras du sol, marche parfois sur le territoire de la toile allongée. Il plonge ses pinceaux dans la couleur des pigments associés aux médiums acrilyques, à la gomme laque et autres produits industriels détournés (après avoir longtemps utilisé la technique à l’huile), et viennent les gestes. Il tourne autour de celles qui sont tendues sur châssis, marche, se tient accroupis tenant à la main le pot de son mélange coloré et de l’autre la brosse qui obéil 0 la main et à l’œil. Les formats sont souvent très grands et le rapport du support au corps prend alos toute son importance.
Inspiré souvent des voyages, des traversées, des détails de vie, de lumière et des éléments de la Nature, il transpose le paysage.
Béatrice Meunier